Hiroshima-mon-amour-(FR1)lowEn 1959, après un nombre considérable de courts et moyens métrages, dont le bouleversant documentaire « Nuits et brouillards » qui reste un des films de référence sur les camps de concentration, Alain Resnais réalise son premier long-métrage : « Hiroshima mon amour ». Sur un scénario de Marguerite Duras, ce drame en noir et blanc nous raconte la rencontre entre une actrice française venue à Hiroshima pour tourner dans un film et un japonais qui va devenir son amant.

En découvrant le film aujourd’hui, plus de 50 ans après sa réalisation, on ne peut qu’être subjugué et admiratif devant tant d’inventivité, de poésie et surtout de liberté. Car effectivement, de nos jours, quel réalisateur ose une telle liberté de ton ? Quel cinéaste développe une telle personnalité dans sa manière de nous raconter une histoire ?

Avec sa narration déconstruite, aussi originale que brillante, qui semble suivre la mémoire affective de ses personnages et noue drames de la guerre et histoires d’amour, avec ses sublimes images en noir et blanc, ses interprètes étonnants et justes (dont Emmanuèle Riva éblouissante dans son premier rôle au cinéma), il n’est pas surprenant que ce film soit considéré comme un des plus importants de l’histoire du cinéma français. Je suis un peu plus réservé sur le texte de Duras, magnifique en soit, mais dont la forme très poétique emmène parfois un peu le film vers l’exercice de style. Malgré ça, « Hiroshima mon amour » reste une œuvre impressionnante, audacieuse et magnifique qui a de plus le mérite de dénoncer avec vigueur les traumatismes et les horreurs de la guerre.

Le film, suivi deux ans plus tard par « L’année dernière à Marienbad », imposera Alain Resnais comme l’une des figures d’un nouveau cinéma, un cinéma moderne, qui remet en question les règles de réalisation et de narration du cinéma classique et qui n’hésites pas à se réinventer de film en film, à expérimenter constamment. Une inventivité, une audace et un ludisme qui ne quitteront jamais le réalisateur, jusqu’à l’obtention en 2014 du Prix Alfred Bauer au Festival de Berlin pour le film « Aimer, boire et chanter » qui sera malheureusement sa dernière réalisation, le cinéaste nous ayant quitté quelques semaines après ce prix qui honore « un film qui ouvre de nouvelles perspectives dans l’art cinématographique ou offre une vision esthétique novatrice et singulière ». Et ceci après plus de 70 ans de carrière… De mon modeste fauteuil de cinéphile, je vous adresse, Monsieur Resnais, mon respect et mes remerciements éternels.

« Hiroshima mon amour » d’Alain Resnais, 1959. Avec Emmanuèle Riva, Eiji Okada.
Il existe une édition DVD ou Blu-ray excellente et très complète par Tamasa Diffusion éditée en 2011.

Hiroshima mon amour
Inventivité, splendeur formelle et émotions...8
8SUR 10