L’excitation était palpable sur les marches qui menaient à la projection du film le plus attendu de cette 64ème sélection officielle du Festival de Cannes : « The tree of life » de Terence Malick. L’homme est en effet un géant et un mythe vivant du 7ème art. Seulement 5 longs-métrages réalisés en presque 40 ans de carrière mais à chaque fois des oeuvres aussi puissantes émotionnellement que sublimes d’un point de vue formel. Dans cet « Arbre de vie » il dirige Brad Pitt, Jessica Chastain et Sean Penn.
« The tree of life » est un film comme une symphonie, un poème visuellement époustouflant où l’infiniment grand et l’infiniment petit avancent en parallèle. L’infiniment grand ce sont les planètes, le cosmos, l’univers, la mort, l’amour, l’évolution de la vie. L’infiniment petit ce sont les drames et les relations intimes et conflictuelles au sein d’une famille américaine dans les années 1950.
La recherche et les questionnements sur le divin, l’état de grâce et la beauté sont au cœur du cinéma de Terence Malick. Ici plus que jamais puisqu’il oppose cette grâce représentée par la mère douce et aimante à la nature, dure, violente et représentée, elle, par le père qui ne croit qu’en une vie de lutte. Mais comment raconter et représenter la grâce, le divin au cinéma ? Un objectif ambitieux que le réalisateur n’atteint malheureusement pas toujours. La caméra flotte avec une beauté inouïe autour des personnages et, d’une manière générale, les plans qui concernent la famille sont magnifiques. Grâce aussi à la photographie somptueuse de Emmanuel Lubezki. Le souci vient quand il s’agit de relier ce drame familial à un discours plus large en racontant l’universel et l’évolution. Planètes, magmas en fusions, océans, ciels, animaux et même dinosaures (il y a une bonne heure du film qui nous raconte l’évolution des espèces) ou encore vie après la mort, tout cela est très beau mais fait un peu déjà vu, même réalisé par Terence Malick. Et puis cet aspect new-age ne s’inscrit pas forcément très bien dans le scénario. L’émotion est également assez loin. Malgré cela il reste quand même la personnalité et le langage cinématographique absolument fascinants et uniques du réalisateur. Un style digne d’un génie visionnaire.
Quête à la fois mystique, philosophique, émotionnelle, scientifique, universelle par un géant du cinéma, « The tree of Life » est une œuvre surprenante, qui n’est pas sans failles, à laquelle on adhérera ou pas, mais dont l’ambition et les qualités forcent le respect.
« The tree of life » de Terence Malick, 2016. Avec Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn, Tye Sheridan.
Au cinéma dès le 18 mai 2011.