Ce très beau film, Grand Prix à Cannes cette année, se base sur l’histoire vraie de moines cisterciens qui vivaient dans un monastère à Tibhirine en Algérie et qui, au début des années 1990, vont être enlevés par des intégristes musulmans et disparaître. Au cours des mois qui avaient précédé leur enlèvement, ils avaient décidé de rester dans leur monastère malgré les massacres et la terreur qui s’installaient dans la région.

Par son rythme assez lent, la répétition de scènes de chant, le film peut paraître austère. Il y a quelque fois peut-être aussi quelques excès de sentimentalisme. Mais à y regarder de près, Xavier Beauvois a tout logiquement imposé à son film le rythme propre à son sujet : celui de la vie quotidienne dans un monastère, entre soins apportés aux habitants voisins, culture de la terre, lectures et cérémonies religieuses.

Une lenteur et une sobriété qui permettent d’offrir toute la place nécessaire au discours philosophique et à l’émotion car c’est là le plus important et ce qui fait la grande valeur du film :  comme le font ses héros, « Des hommes et des Dieux » va ainsi dresser l’humanisme, la fraternité et l’amour de son prochain comme un bouclier et un acte de résistance face à la barbarie et à la cruauté des hommes. Et en ces temps d’individualisme et de rejet de l’autre, cela est plus que bienvenu.

Porter par cette réalisation en adéquation avec son sujet et par des interprétations remarquables (selon moi Michael Lonsdale aurait mérité un Prix d’interprétation à Cannes), ces valeurs humanistes sont rendues de manière très concrète et très touchante et l’on en arrive à ressentir de manière émotionnelle un concept plutôt philosophique. Mieux encore : si vous êtes touchés, il pourrait même changer le regard que vous portez à autrui.

Tout au long du film, 2 scènes magnifiques m’ont particulièrement touché : alors que la menace se fait de plus en plus présente autour d’eux, le dernier repas que les moines prennent ensemble où la peur se lit sur leurs visages mais aussi la détermination en ce qu’ils croient. Et puis le magnifique dernier plan du film où les moines disparaissent avec leurs ravisseurs dans la neige et le brouillard. Représentation parfaite du vide qu’engendre la haine et la violence, la mort réduisant à néant les victimes comme les bourreaux.

Un film incontournable, très beau et riche d’un magnifique discours.

« Des hommes et des Dieux « de Xavier Beauvois, 2010. Avec Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin, Philippe Laudenbach, Jacques Herlin, Sabrina Ouazani.
Au cinéma dès le 8 septembre 2010.

Des hommes et des Dieux
La fraternité pour faire face à la barbarie.8
8SUR 10