De rouille et d'os (FR1)Remarqué et découvert au Festival de Cannes cette année où le film est présenté en compétition officielle. En ce qui concerne son histoire (adaptée d’une série de nouvelles), le film de Jacques Audiard ne fait pas dans la facilité ni dans la légèreté puisqu’elle nous dépeint la rencontre entre Ali, un père de famille indigne, SDF et qui survit en participant à des combats clandestins, et Stéphanie, une jeune-femme dresseuse d’orque dans un parc aquatique du sud de la France qui va perdre ses jambes suite à un accident professionnel.

Une histoire sans compromis, plutôt casse-gueule, avec d’un côté un personnage rustre, irréfléchi et qu’au premier abord il est difficile d’aimer et, de l’autre côté, une vie brisée qui a tout pour conduire le film vers le mélodrame le plus lourd. Et pourtant : la mise en scène brillante offre à la fois des moments de vérité et de réalisme social forts mais s’exprime surtout par un travail impressionniste judicieux ou les images, les gros plans et les cadrages se mettent au service du récit avec subtilité, pudeur et poésie. On est ainsi à mi-chemin entre le réalisme social et une fable plus onirique.

La rencontre des deux personnages est au centre du film, leurs destins s’entremêlant sur le principe de vases communiquant, la force et la personnalité de l’un permettant de guérir les blessures de l’autre. Mathias Schoenaerts est impressionnant et intense dans le rôle brut de décoffrage d’Ali. Quand à Marion Cotillard (dont certaines interprétations passées, pleines d’hystérie, pouvaient faire craindre le pire avec un tel personnage), elle est d’une belle sobriété.

Une fable franche et courageuse sur la rédemption, au-delà de la douleur et des blessures physiques mais aussi psychiques de la vie.

« De rouille et d’os» de Jacques Audiard, 2012. Avec Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Bouli Lanners, Corinne Masiero .
Au cinéma dès le 17 mai 2012.

De rouille et d'os
La note7
7SUR 10