Ce film qui s’apparente à une bluette romantique en terre exotique nous raconte le parcours d’Aung San Suu Kyi, leader de l’opposition en Birmanie, pays qui est sous le joug d’une dictature militaire. Elle a obtenu le prix Nobel de la Paix en 1991. Le film se concentre sur sa relation avec son mari anglais, Michael Aris, professeur à Oxford.

Disons-le directement : je suis en colère contre Luc Besson. Il avait là un sujet en or : exotisme, politique, humanisme, un destin personnel qui se mêle au destin de tout un peuple, la dictature, un personnage d’exception… on pourrait continuer ainsi longtemps tant le sujet est intéressant d’un point de vue dramatique, cinématographique mais surtout politique et humaniste. Et qu’est-ce que Besson en fait ? A quoi est-ce qu’il le réduit ? A une romance larmoyante où les questions humanitaires et politiques servent d’arrière-plan à des scènes lourdes et interminables où cette femme et sa famille n’arrêtent pas d’être séparés et de se retrouver, où elle pleure au téléphone avec son mari en lui disant qu’elle l’aime, que ses enfants lui manquent,… et tout ceci dans une surenchère de larmes, de musique mélo envahissante et de plans à l’esthétisme de carte postale.

Tout cela devient carrément dérangeant car, avec un sujet aussi important, en connaissant la réalité politique de ce pays, la souffrance de son peuple et par respect pour les combats menés par cette femme, il est tout bonnement inacceptable de traiter ce sujet comme une romance à l’eau de rose, sans aucun point de vue politique ou humaniste à défendre, rien à dénoncer ou, quand on daigne le faire, de le faire de manière aussi bête et caricaturale (il y a une scène ou un soldat cruel découvre la musique… au secours !). C’est une honte de réduire ce que traverse ce pays et ses habitants et ce qu’a fait cette femme à ce feuilleton duquel ne nait aucun souffle épique, aucune force. Il faut dire aussi qu’il n’y a aucune subtilité ni talent dans la réalisation tout comme dans la direction des acteurs maquillés à la truelle et qui font couler toutes les larmes de leur corps comme on le leur demande mais sans réussir à convaincre pour autant.

A travers ce choix de raconter une histoire d’amour plutôt que le combat contre la dictature en Birmanie, la démarche en deviendrai même suspecte : au niveau du public, la romance paie certainement bien plus que la politique. Ceci doit-il nous surprendre de la part d’une maison de production qui enchaîne depuis des années les réalisations calamiteuses mais en ayant soin de bien cibler commercialement, par exemple, le public des banlieues ? Un triste exemple d’arrivisme et de nivellement par le bas. Je suis très en colère contre Besson d’avoir gâché un si beau sujet.

« The Lady » de Luc Besson, 2011. Avec Michelle Yeoh, David Thewlis, Jonathan Woodhouse, Benedict Wong.
Au cinéma dès le 30 novembre 2011.

The Lady
Une romance inacceptable ! 2
2SUR 10