Cette « année particulièrement violente » est celle de 1981 à New York. Abel Morales est le directeur d’une entreprise qui distribue et vend du mazout. Alors qu’il se retrouve dans une position financière fragile après avoir signé l’acquisition d’un nouveau terrain très convoité qui pourra lui permettre de stocker de plus grandes quantité de pétrole, ses camions de livraison sont régulièrement attaqués, les conducteurs frappés et le mazout dérobé. Loin de l’aider, la police met son entreprise en examen, le soupçonnant de fraude. Malgré la pression, les menaces et les violences à son égard qui se font de plus en plus forte et menacent autant ses affaires que sa famille, Abel Morales refuse de céder de son côté à toute corruption ou violence et tente de s’en sortir en restant intègre…
Tout comme « Margin Call », premier film du réalisateur qui se passait dans le milieu de la finance newyorkaise quelques heures avant le crash boursier de 2008, « A most violent year » étudie l’être l’humain dans son rapport à l’argent et au pouvoir. Corruption, violence, trahison, cupidité : le tableau du milieu des affaires que dépeint ce thriller est pour le moins sombre et, si le personnage principal tente de rester « pur » (il est d’ailleurs vêtu la plupart du temps d’un manteau clair), le monde dans lequel il évolue est par contre sans pitié, avide et particulièrement inquiétant. Le film est donc une fable puissante et sombre sur l’avidité et sur le capitalisme dont le fonctionnement est ici lié sans ambiguïté à la violence.
Oscar Isaac, déjà excellent dans « Inside Llewyn Davis » des frères Coen, interprète le rôle principal de cet homme pris au piège qui lutte pour ne pas voir s’écrouler ce qu’il tente de construire. Une interprétation classe, touchante et combative. Dans le rôle de sa femme, Jessica Chastain (Take Shelter, La couleur des sentiments, Zero Dark Thirty, Interstellar, …) fait décidément de très bons choix ! Elle profite ici d’un rôle magnifiquement bien écrit, celui d’une mère de famille étonnamment forte, possiblement même dangereuse.
Visuellement le film est l’un des plus beaux que j’ai vu au cinéma depuis longtemps. La composition des plans est magnifique et la photographie, signée Bradford Young, absolument somptueuse. Avec de telles images, une telle classe et un tel talent dans la réalisation mais aussi une telle intelligence dans le scénario, ce film nous captive dès son premier plan et ne nous lâche plus tout au long de cette intrigue entre thriller, films de gangsters mais aussi drame humain, la tragédie et l’émotion n’étant jamais loin et culminant dans une scène finale exceptionnelle.
Après déjà deux très bons films, J.C. Chandor prouve qu’il est un nouveau très grand réalisateur américain. Et ce classieux « A most violent year », le premier chef d’œuvre de 2015 !
« A most violent year » de J.C.Chandor, 2014. Avec Oscar Isaac, Jessica Chastain, David Oyelowo.
Au cinéma dès le 8 avril 2015.