Dans cette suite à « Prometheus » et préquelle à « Alien », l’équipage du vaisseau spatial Covenant, en route pour aller coloniser une planète lointaine, va recevoir un mystérieux signal et décider de changer de destination pour aller explorer une autre planète. Forcément, ce sera une mauvaise idée…
Il y a une belle production avec de belles images, des moyens, de beaux décors, des effets spéciaux réussis, une très belle réalisation, on ne s’ennuie pas et tout et tout mais, en fait, je crois que je ne suis pas très convaincu par la nouvelle direction que prend la saga et cette extension de l’univers que propose Ridley Scott depuis « Prometheus », par ce décentrement de la franchise qui fait de cet épisode plus un film sur l’androïde David que sur l’Alien et ceci malgré le retour aux sources que le titre et les affiches pouvaient laisser présager.
Les moments de terreur et d’horreur s’inscrivent donc ici dans un scénario où l’on nous propose également des réflexions assez sombres et de loin pas inintéressantes sur la création, la recherche permanente d’évolution, le pouvoir. Si les ambitions de Ridley Scott de développer un univers et d’y inclure une profondeur sont louables, ces éléments sont livrés en prenant soin de ne pas trop donner de réponses, quitte à laisser le spectateur parfois un peu paumé, et garder ainsi la porte ouverte à de futurs films. Si quelques questions restées en suspens dans « Prometheus » trouvent ici des réponses, bien d’autres choses restent donc encore ouvertes comme par exemple le rôle des ingénieurs. C’est énervant !
Mais le gros problème vient surtout du fait que le scénario n’arrive pas à faire cohabiter de manière efficace l’horreur spatiale et les réflexions plus profondes et c’est un peu comme si on était en présence de deux films : un « Alien » avec ses scènes d’horreur et ses massacres typiques (réinventés parfois de manière spectaculaire, reconnaissons-le) et un « Covenant » qui serait un film beaucoup plus philosophique et réflexif. Un assemblage bancal qui amène à pas mal de maladresses, d’enjeux troubles et, même si ceci est bien amoindri par rapport au ridicule de certaines situations dans « Prometheus », souvent à un manque de crédibilité et de logique dans les agissements des personnages.
Surtout, tout cela dilue un maximum la tension, le suspense et l’horreur que l’on est en droit d’attendre de la franchise. Pour moi, les films de la saga en huis-clos avec une ou des créatures meurtrières qui bavent et font des ravages, des tunnels de vaisseaux bordés de fumées et de lumières d’alarmes, des plans pour tenter de s’en sortir vivant qui ne marchent que rarement, ça me suffisait amplement !
Dans les films qui ont suivi l’« Alien » original, les réalisateurs ont chacun emmené la saga dans leur propre univers : James Cameron via un traitement martial, des bastons et des dézinguées intensives, David Fincher dans un univers carcéral, vers des relations psychologiques fortes et des réflexions religieuses et philosophiques, Jean-Pierre Jeunet vers le style esthétique qu’on lui connaît. Mais tous ces réalisateurs n’ont jamais fait l’impasse sur ce qui est l’essence de la saga « Alien » : le suspense, le danger, l’action, le huis-clos.
Avec les deux premiers films de cette nouvelle saga, on est ailleurs. C’est en fait autre chose que nous propose Ridley Scott, un autre type de films, presque un autre univers et en tous les cas une autre histoire qui pourrait tout à fait exister sans les Aliens belliqueux. Peut-être aurait-il été préférable qu’elle nous soit racontée de manière indépendante, en s’affranchissant de la célèbre créature.
« Alien : Covenant » de Ridley Scott, 2017. Avec Michael Fassbender, Katherine Waterston, Billy Crudup, Danny McBride.
Au cinéma dès le 10 mai 2017.