Ce film, présenté en ouverture au Festival de Cannes cette année, apparaît d’abord comme un drame romantique dans lequel un cinéaste voit réapparaitre un ancien amour, cela alors qu’il vient d’entamer une histoire avec une autre femme. Puis, dans sa seconde partie, le film va traiter des doutes et des affres liés à la création artistique.
Mathieu Amalric, Charlotte Gainsbourg, Marion Cotillard : cette belle distribution sensible nous entraîne dès le départ et sans peine dans un beau triangle amoureux. Néanmoins, dès la première scène, Arnaud Desplechin nous surprend en nous présentant une scène de film dans le film, en fait une mise en image du scénario que le personnage principal est en train d’écrire. Des séquences drôles, savoureuses et interprétées avec ludisme entre autres par Louis Garrel, qui interviendront régulièrement au cours du film et qui donnent un contre-point amusant au drame romantique qui se noue autour du réalisateur et auteur qui doit gérer son amour naissant pour une femme, le retour de son grand amour disparu depuis de nombreuses années et l’écriture de son prochain film.
Malheureusement, dans la deuxième partie du film, le drame amoureux et les deux rôles féminins s’effacent, le réalisateur devient le personnage central et il nous entraîne alors vers un délire sur les affres de la création artistique. Un ego-trip chargé de pas mal d’excès, de bizarrerie et d’absurde mais aussi de références à la peinture et à la littérature, qui part un peu dans tous les sens et qui m’a nettement moins convaincu. Le film, qui aurait pu être un beau drame amoureux très émouvant doublé d’une réflexion intéressante sur la création, vire alors à la prise de tête un peu intello. Et l’émotion s’en va…
« Les fantômes d’Ismaël » d’Arnaud Desplechin, 2017. Avec Mathieu Amalric, Charlotte Gainsbourg, Marion Cotillard, Louis Garrel, Alba Rohrwacher, Hippolyte Girardot.
Au cinéma dès le 17 mai 2017.