Ava, une jeune-fille de 13 ans, passe ses vacances au bord de la mer. Elle va se rendre compte que sa vue baisse lorsque la nuit tombe. Lors d’une consultation ophtalmique, on lui annonce qu’elle va devenir aveugle. Avec sa mère, elles décident de profiter de l’été et de vivre intensément malgré tout. Tandis que sa mère s’entiche d’un homme plus jeune qu’elle, Ava est fascinée par un jeune garçon accompagné d’un chien noir.

Pour nous raconter cette histoire, la réalisatrice Léa Mysius (dont c’est le premier long-métrage) crée un univers original et parfois à la limite de l’onirisme et, plus qu’un portrait réaliste, dessine une métaphore poétique du passage de l’enfance à l’adolescence. Il y sera question de la découverte de l’amour, de la sexualité, mais aussi de l’indépendance. Grâce à ce traitement poétique la réalisatrice peut se permettre de mettre en scène de manière franche l’éveil à la sexualité, les corps dénudés de cette jeune-femme et de son amoureux ou encore une certaine violence dans un équilibre juste et sensible entre audace du contenu et tendresse pour ses personnages.

Tout le film est également animé par la fougue et la passion de la jeunesse. Une jeunesse qui risque tout, ose tout, impulsive jusqu’à l’inconscience. L’aveuglement progressif de l’héroïne dès que la nuit tombe pourra d’ailleurs se lire comme une métaphore de l’abandon à ses envies et à ses sentiments, d’une certaine façon de voir la vie propre à la jeunesse et de l’énergie, des possibilités folles et du sentiment de liberté qui en découlent.

Noée Abita est une magnifique révélation dans le rôle d’Ava. A la fois belle et bourrue, elle forme avec le jeune Juan Cano un couple très charismatique. La réalisation et tous les aspects techniques sont très soignés et participent à la création réussie de cet univers. Photographie superbe, mise en scène, composition des plans et cadrages originaux et inventifs, musique amusante : le style est là ! Celui-ci apporte cependant peut-être juste quelque chose d’un peu trop distancié et formel et, même s’il réussit à retranscrire à merveille certaines sensations, cet aspect stylistique l’emporte un peu sur l’émotion. Malgré cela, « Ava » est un très beau premier film, audacieux et plein de belles promesses cinématographiques.

« Ava » de Léa Mysius, 2017. Avec Noée Abita, Juan Cano, Laure Calamy, Baptiste Archimbaud, Laura Cano, Daouda Diakhate.
Au cinéma dès le 16 août 2017.

Ava
Un bel éveil cinématographique.7
7SUR 10