Il existe une émotion très forte qui se nourrit d’un mélange de tristesse profonde et de joie de vivre absolue. C’est ce sentiment contradictoire et bouleversant que nous fait ressentir « Ma vie de Courgette ».
Ce film d’animation nous raconte l’histoire d’enfants très attachants qui se trouvent dans des situations familiales lourdes. Parmi ceux-ci, Icare (mais il préfère qu’on l’appelle Courgette). Récemment orphelin suite au décès de sa maman, il est emmené dans un foyer où il va faire la connaissance d’autres enfants mais aussi de la jolie Camille qui ne le laisse pas indifférent.
En même temps que Courgette, nous allons découvrir les histoires de ses camarades, leurs drames. Mort, abandon, marginalisation, maltraitance, alcoolisme, déracinement font partie de la vie de ces enfants. Le film aborde tout ceci avec franchise et audace mais sans jamais être pesant grâce à une tonalité qui est remplie de la naïveté, de l’humour et de la spontanéité de l’enfance. C’est triste mais c’est drôle, c’est dur mais c’est beau ! Dans le même ordre d’idée et jouant toujours sur ce type de dualité, la fragilité et l’innocence de l’enfance confrontées à la dureté du monde ouvre le film à une dimension sociale et humaniste. Et quand en plus il se met à nous parler de solidarité et du besoin d’être aimé…
Comme bien d’autres spectateurs dans la salle, je me suis donc retrouvé submergé à la fois par des sentiments de tristesse mais aussi de bonheur. A la fin du film, lorsque résonne la chanson « Le vent nous portera » chantée par Sophie Hunger (qui a composé la musique du film), je suis sorti de la salle en larme, complètement bouleversé, le cœur gros mais également rempli de bonheur devant tant d’humanité, de tendresse.
La réalisation et l’esthétique du film, sobres, colorées et là-aussi riches d’une vraie naïveté, créent également un contrepoint au drame qui se joue. Une réalisation de titan ayant nécessité des années de travail mais où se lit néanmoins une volonté de simplicité, de modestie, comme pour laisser toute la place aux discours et aux thèmes du film.
Adapté d’un roman de Gilles Paris, c’est Céline Sciamma qui signe le scénario du film. Et elle était sans aucun doute la personne idéale pour cela, n’ayant pas son pareil pour parler de la jeunesse et semblant même très attachée à cette thématique puisqu’elle est la réalisatrice des magnifiques films que sont « La naissance des pieuvres », « Tomboy » et « Bande de filles ».
Tristesse et humour, drame et légèreté, réalité du monde et rêves de gosses, histoire triste et décors colorés, « Ma vie de Courgette » joue sur les contraste. Tout est question d’équilibre, de subtilité. Ici, c’est parfait ! Profondément émouvant, ce film d’animation est un miracle.
« Ma vie de Courgette » de Claude Barras, 2016.
Au cinéma dès le 19 octobre 2016.