Munich (FR1)Jeux Olympiques, Munich 1972. Un groupe d’athlètes israéliens est pris en otage par des terroristes palestiniens. Cet événement se terminera tragiquement par la mort des otages. Le film de Spielberg prend cet événement comme point de départ mais, outre une reconstitution efficace de cette nuit, va rapidement se concentrer sur une riposte d’Israël qui aurait créé un petit groupe d’hommes pour aller assassiner les auteurs de la prise d’otage.

Après une première partie un peu longue, qui place les personnages et les enjeux politiques sur fond de scènes d’action et d’attentats, et qui donne au film la forme d’un thriller politique froid et implacable, l’émotion commence enfin à être distillée à l’intérieur de la trame alors que le groupe d’assassins voit ses actions meurtrières se retourner contre lui et qu’il devient lui-même la cible d’autres terroristes. On comprend alors que le thème de la vengeance et d’une politique œil pour œil, sera le discours et l’essence du film. Et Spielberg de nous démontrer l’impossibilité d’un système basé sur la vengeance. Ceci avec subtilité et une réalisation sans faute, fluide et brillante autant dans le suspens que dans l’émotion. Le personnage principal, placé devant un choix à faire entre son patriotisme et ses liens familiaux (autrement dit entre la vengeance et l’amour) va s’éloigner de son pays, de ses dirigeants pour faire survivre sa famille et se rapprocher d’un désir de paix. Et dans une scène finale bouleversante et intelligente qui prend place, avec beaucoup de sens, devant le bâtiment de l’ONU à New York, le film cloue au pilori toute idée de violence et devient un requiem sans compromis de la vengeance.

On pourrait même imaginer que Spielberg a poussé l’idée de démontrer son discours pacifiste et de l’étendre au monde entier par l’universalité de son casting. Eric Bana, de plus en plus bouleversant au fur et à mesure que les questionnements l’envahissent, est australien. Autour de lui vous pourrez reconnaitre les français Mathieu Kassovitz, Michael Lonsdale et Mathieu Amalric, l’anglais (et futur James Bond) Daniel Craig, la canadienne Marie-Josée Croze, l’irlandais Ciaran Hinds, l’allemand Moritz Bleibtreu, l’israélienne Hiam Abbass et l’américaine Lynn Cohen, absolument terrifiante dans le rôle de Golda Meir. N’oublions pas non-plus la qualité exceptionnelle et la richesse du scénario de Eric Roth et Tony Kushner qui traite avec profondeur toute la complexité et les nombreuses questions que soulèvent le film. A noter également la magnifique partition musicale de John Williams, tour à tour dynamique pour les scènes d’action puis remplie de nostalgie pour les scènes qui prêtent à réflexions. Un Spielberg adulte, qui peut paraître austère à premier abord, mais qui nous offre finalement un souffle d’humanisme rare et essentiel. Un Spielberg qui questionne et se montre également inquiet et pessimiste quant à l’avenir de l’homme pris au piège dans la spirale de la violence et de la vengeance.

« Munich » de Steven Spielberg, 2005. Avec Eric Bana, Daniel Craig, Ciaran Hinds, Mathieu Kassovitz, Ayelet Zurer, Michel Lonsdale, Geoffrey Rush, Mathieu Amalric, Moritz Bleibtreu, Valéria Bruni-Tedeschi, Marie-Josée Croze, Yvan Attal.
Au cinéma dès le 25 janvier 2006.

Munich
Le bouleversant requiem de la vengeance8
8SUR 10