Je suis toujours autant bouleversé devant ce chef d’œuvre réalisé en 1925 par Jacques Feyder et dont les extérieurs ont été tournés principalement en Valais.
Nous sommes dans un petit village du Val d’Anivier. Quand le film commence, Pierre Amsler, syndic du village, vient de perdre son épouse. Avec ses deux enfants, ils doivent faire face au deuil. Sa fille Pierrette est trop petite pour se rendre compte de la tragédie mais Jean, l’aîné, est bouleversé par la disparition de sa maman. Quand son père fait la connaissance de Jeanne Dutois, veuve et mère elle-aussi, et qu’il l’invite à s’installer chez eux, Jean n’arrive pas à accepter cette nouvelle femme qui remplace sa mère.
La réalisation qui adopte le point de vue de l’enfant est audacieuse pour l’époque. Il faut aussi remarquer l’excellente direction d’acteurs et la qualité du scénario qui retrace avec beaucoup d’émotion le drame vécu par ce jeune garçon confronté à la mort de sa mère et à son remplacement par une autre femme. La justesse et le rendu du parcours psychologique du garçon sont tout à fait remarquables. La façon dont il s’enfonce dans le désespoir, envahi par la douleur, la tristesse puis par un sentiment d’injustice, est absolument bouleversante. Les images sont puissantes et expriment parfaitement ces situations et ce ressenti dramatiques.
Proposé régulièrement dans le cadre des séances de la Lanterne Magique, ce chef d’œuvre du muet est à (re)découvrir maintenant dans une version numérisée et restaurée par la Cinémathèque Suisse.
« Visages d’enfants » de Jacques Feyder, 1925. Avec Jean Forest, Victor Vina, Rachel Devirys, Pierrette Houyez.
Le film est édité en DVD par la Cinémathèque Suisse.